paroles du bout du monde

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vendredi 24 octobre 2008

Aloha depuis Hawaï


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Visiter Hawaï, c'est un peu un rêve qui se réalise. Cet archipel du Pacifique évoque tant de choses qui ont marqué mon subconscient qu'y aller sonnait comme une évidence. Surfer, marcher sur les plages désertes des îles du Pacifique ou m'émerveiller devant un volcan sont des activités auxquelles je n'avais jamais goûté avant ce long voyage et pour lesquelles une attirance certaine a émergé. Préméditation, désir subconscient ou dessein inavoué, Hawaï regroupe tout ça et même un peu plus.
A l'aéroport d'Honolulu, j'attends de longues minutes devant le tapis tournant en quête de mon sac-à-dos qui ne viendra pas. Il est resté aux Fidji où j'étais en transit pendant plusieurs heures. Rien de bien grave, je le retrouverai 2 jours plus tard en parfait état. Je passe la douane et sort dans le hall d'accueil. J'aperçois immédiatement mon pote thaïlandais, Cho, qui s'est installé ici depuis 5 ans et que je n'ai pas vu depuis. On tente de résumer le temps passé en quelques phrases et on part construire de nouveaux souvenirs en visitant la côte est de l'île Oahu. La route longe le littoral découpé où des parkings aménagés permettent une halte pour apprécier la vue. De magnifiques croissants de sable adoucissent les contours hachés de la côte. Parmi les découvertes de l'île, nous nous arrêtons sur deux des plus belles plages de cette île : Lanikai et Kailua.

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Le lendemain, la semaine de travail reprend pour Cho et je vais goûter un savoureux cocktail fait de découvertes en solitaire pendant la journée et de visites guidées en fin d'après-midi et en soirée. Je me rends sur la plage mythique de Waïkiki où une ribambelle de vacanciers contemplent les surfeurs qui glissent sur les longues vagues qui déferlent. Waïkiki ne se résume pas à une simple bande de sable où chacun défend chèrement son mètre carré de serviette, il s'agit d'un quartier d'Honolulu qui concentre la majeure partie de la vie touristique. Restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et surf shops se succèdent dans un ordre chaotique. Une promenade piétonne longe le littoral et passe à côté de la statue de Duke Kahanamoku, légende locale qui fut champion olympique de natation au début du siècle avant de parcourir le monde pour faire connaître le surf à l'occident. Je loue une planche de surf pour continuer ma lente progression débutée à Bali. Tout comme sur la plage, ça se bouscule dans les remous pour prendre la bonne vague.

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Le système de bus est bien pratique puisqu'avec 2$, on peut se rendre où on veut sur l'île. Je pars vers Sunset beach, une plage située sur North Shore à 2h d'Honolulu, qui voit chaque année une manche de la coupe du monde de surf. Pour être plus précis, le lieu s'appelle Banzaï Pipeline et se dresse au milieu de Sunset beach. Lorsque l'hiver arrive, c'est ici que l'amplitude des vagues est la plus importante. Des rouleaux monstrueux que prennent d'intrépides surfeurs. Je reste sagement assis sur la plage conscient que je suis encore loin du niveau. Et quand vient le soir, je retrouve mon pote avec le même plaisir, il me mène dans de petits restaurants loin des foules et on partage quelques bons moments de vie et des rires mémorables. Cette semaine est passé bien trop vite que je pars déjà pour une autre île, Kauai où j'ai rendez-vous avec un trek de légende, le Kalalau trail. Et pour Cho, on se retrouvera sur Big Island qu'on visitera ensemble.

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vendredi 17 octobre 2008

Quelques frayeurs sur le volcan Yasur

D'un bout à l'autre de l'archipel des Vanuatu, je quitte les fonds marins d'Espiritu Santo pour me plonger dans les vapeurs fumantes du volcan Yasur sur l'île de Tanna. Un petit avion d'une vingtaine de places nous dépose sur l'aéroport miniature de Lenakel. Dans le hall d'accueil, un chauffeur de Jungle Oasis (un groupement de huttes en bois bâtis pour les touristes) tend un panneau avec le nom du campement. Je décharge mon sac à l'arrière du pick-up et on part pour l'intérieur de l'île. Une course d'environ 2 heures sur une route ravinée par les pluies régulières. La végétation abondante m'isole de toute vue. Nous passons une colline où la vue se dégage et replongeons dans les méandres de la forêt avant que la verdure s'arrête brusquement, repoussée par un sable grisâtre étrange constitué de minuscules particules de pierre ponce. Le volcan Yasur déploie ses griffes et marque son territoire à l'extérieur de son cratère. Un grondement rauque s'élève de l'épaisseur grise. Un cri d'une nature en colère qui signe les prémisses d'une rencontre avec un authentique volcan actif qui s'exprime en éjectant son venin de lave.
Une des activités singulières, sans doute unique au monde est la possibilité de surfer sur les cendres du volcan. Jungle Oasis possède un vieux snowboard de mauvaise qualité mais qui fera l'affaire pour l'occasion (j'apprendrai plus tard qu'il était possible de louer un meilleur snowboard au village voisin). La montée est harassante avec un œil rivé au ciel à chaque gloussement de la montagne. Chaque nouveau pas s'enfonce profondément dans les particules de cendre. Arrivé quasiment au sommet, je chausse la planche et fait face à la pente vertigineuse. Je trace mon empreinte sur le volcan. Une liberté totale entrecoupée de toussotements d'un autre monde qui me font sursauter à chaque nouvelle manifestation. Une expérience unique dans un décor unique.

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Mais, le gros de l'action aiguillonnée par une curiosité maladive me pousse vers l'origine de cette toux tellurienne. Depuis le campement, c'est une courte marche de 45 minutes sur un chemin emprunté par les 4x4. Je m'acquitte d'un droit de passage à la sortie du village et arpente ce sol couvert de cendres rocheuses. Les flancs riches de verdure accompagne ma montée lorsque le chemin s'évase sur un parking où plusieurs véhicules tout-terrain sont déjà arrivés. Une boîte aux lettres (la seule sur un volcan !) signale le début du sentier final marqué par les nombreux pas d'apprentis aventuriers avides de sensations pures. Les déflagrations apparaissent clairement lorsqu'une explosion plus forte que les autres propulsent des résidus incandescents haut dans le ciel. Mes yeux se lèvent, un feu d'artifice naturel illumine le firmament. L'instinct de survie de chaque convive présent sur cette terre inhospitalière jauge la dimension et la direction des projectiles de lave. Pas d'inquiétudes pour ce coups-ci, chaque pavé de magma retombe lourdement dans le cratère. Un bruit sourd et étouffé qui laisse un certain répit avant la prochaine explosion. Je m'assois et attends. Les grondements sont constants et les jaillissements épisodiques de roche en fusion ravissent les spectateurs. Avec cette pointe de crainte continue lorsque la bouche rougeoyante crache ses postillons de lave, chacun dresse son regard vers les particules les plus hautes et évalue leur danger potentiel lors de leur retombée.
Le lendemain je remonte sur le Yasur, le point de vue de la veille est enfumé et me positionne sur la droite du cratère. L'activité semble calme jusqu'à ce que l'ensemble des visiteurs d'un soir quitte les lieux. Je me retrouve seul. Nuit noire percée par l'éclat empourpré du foyer volcanique. Un sentiment bizarre m'occupe, mêlé de curiosité et de crainte. La raison aurait voulu que je redescende en même temps que les derniers touristes mais l'irrésistible envie de rester, d'écouter et de m'émerveiller à une explosion de plus, de vibrer à nouveau au rythme des vibrations de la terre. Mais, l'activité du volcan se renforce, l'intervalle entre deux manifestations se raccourcit et les obus incandescents voltigent toujours plus hauts. Mes palpitations cardiaques s'agitent bien au-delà du supportable, je me lève et déguerpis. Aroun Tazieff attendra pour trouver un remplaçant. Mais en y repensant, qu'est-ce que c'était excitant d'être assis seul, au bord de ce cratère.

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vendredi 10 octobre 2008

Plongée dans une autre dimension : le SS Coolidge

A peine le pied posé à Port Vila aux Vanuatu, je m'envole pour une autre île, Espiritu Santo. Sur place, l'attraction principale se nomme SS President Coolidge, la plus grande épave plongeable au monde. Des dimensions hors-normes alliées aux effets planant de la narcose sont les ingrédients de ce cocktail sous-marin que je me suis injecté pendant une semaine. Excepté l'amateur pur et dur de récif corallien, l'épave du Coolidge comble le moindre plongeur avide d'exploration subaquatique. Pour la petite histoire, le SS Coolidge fut un paquebot de luxe au même titre que le Normandie ou le Queen Mary et opérait dans l'océan Pacifique en reliant San Francisco, son port d'attache, aux Philippines, au Japon et à Hawaï. Lorsque les japonais attaquèrent Pearl Harbour, le bâtiment fut réquisitionné pour être transformé en un transporteur de troupes. Au cours d'une mission, alors qu'il devait acheminer un régiment de 5000 soldats, il heurte une mine et sombre près du rivage de l'île Espiritu Santo aux Nouvelles Hébrides (ancien nom de Vanuatu).
Plusieurs décennies plus tard, à l'époque où la plongée se faisait sans ordinateur, sans jauge de profondeur et sans torche, Allan Power explora l'épave et ne la quittera jamais. Mieux que quiconque, il connaît ce navire. Chaque recoin, chaque assiette en porcelaine de la cuisine et chaque reste de véhicules éventrés dans la cale. A l'issue d'une plongée il nous racontera quelques anecdotes sur « son bateau » ; comment il a découvert la Lady, la récupération des pales d'hélices pour être revendues au Japon, les différentes armes qu'on peut ou pouvait trouver à bord.
De la poupe qui repose sur le fond sablonneux à la proue qui pointe vers la plage, l'ancien navire s'étend sur son côté bâbord. Mes différentes explorations m'emmèneront dans les dédales de ses entrailles. Tantôt perdu dans l'obscurité totale et tantôt nageant en trois dimensions entre les épontilles du pont supérieur. Chaque plongée est un régal avec le même rituel, départ depuis la plage, on suit la corde jusqu'à la proue de l'épave. On choisit une ouverture et la visite guidée commence. Un jour on palme jusqu'à la Lady, une icône en porcelaine qui repose sur son cheval blanc, et un autre on se détend sur le pont promenade où des puits de lumière azur jaillissent par toutes les failles et hublots. Couloir immense sur un pont, et précieux détails de la vie quotidienne des passagers sur un autre, le Coolidge regorge de secrets.
Une autre fois, coulée dans le grand bleu jusqu'à 50m, narcosés, nous descendons encore plus profond pour observer les canons de 3 et 5 pouces avant d'enchaîner avec l'étambot du bateau, ses 2 lignes d'arbres, un gouvernail et l'inscription en demi-cercle de President Coolidge sur la poupe. On longe ensuite le flanc. Une partie est éventrée, c'est à cet endroit que la mine a percuté le navire et a causé sa perte. A quelques mètres, au cœur du paquebot, des lavabos en porcelaine, de la vaisselle, des casques lourds, des masques à gaz, une machine à écrire s'affichent comme autant de témoins d'une vie passée brusquement figée. Les coursives dévoilent les proportions démesurés du navire et de maigres interstices laissent passer quelques rayons de lumière qui nous montre la voie et délimite une aquarelle bleutée dans le monde du silence. Dans les coins les plus sombres, des poissons phosphorescents clignotent. On se glisse dans de petits failles pour changer de ponts et s'émerveiller à nouveau face à cette cathédrale d'acier taillée dans les superstructures du paquebot.
Une autre fois encore, on se rend au Saloon où des bouteilles en verre de coca-cola trônent à côté de la fontaine à soda. A quelques coups de palmes, l'inscription indique « Doctor ». Sur son bureau trainent tube à essai, fiole contenant du fil à suturer, seringue en verre.
Chaque nouvelle plongée est unique, enivrante, mystique et nous apprend comment nous égarer dans cette gigantesque épave. Impossible de se rappeler le chemin parcouru, la seule sensation d'être perdu dans le labyrinthe de ses compartiments suffit à nous ravir. Après 10 plongées, l'envie de se perdre dans les méandres de ses superstructures me démange toujours.

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Et pour passer le temps des longues décompressions dépassant la demi-heure, Allan Power a concocté un jardin sous-marin fait de coraux, d'anémones et de sa faune. Chaque jour, il plonge pour s'adonner à cette passion pour le moins particulière en déplaçant ou époussetant les coraux. Pour nous, le temps semble filer plus vite devant ces poissons-clown et crabes-porcelaine, en attendant patiemment d'éliminer notre surplus d'azote et de nous remettre des émotions vécus dans les coursives du Coolidge.

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